

ven. 22 nov.
|Montpellier
CINÉ-CLUB LUXURIIS >> Pompoko par Isao Takahata
Projection, intervention et débat autour du film d'Isao Takahata, Pompoko, à la Maison pour Tous Frida Khalo
HORAIRES ET LIEUX
22 nov. 2024, 18:30 – 21:30
Montpellier, 240 Rue Claude Lévi Strauss, 34000 Montpellier, France
À PROPOS
Espèce mi-raton laveur mi-blaireau, les Tanukis partageaient aisément leur espace vital avec les paysans. Entrecoupée de batailles entre tribus, leur vie insouciante leur faisait ignorer la présence toujours plus proche des Hommes... Jusqu’au jour où ces derniers décident de s’approprier leur territoire et de faire de la montagne une ville. Il s’agit ici d’un film d’animation écologique et engagé. Dès les premières images, Pompoko nous émerveille par son esthétique visuelle spectaculaire. Chaque scène est un tableau animé, où les transformations des tanukis (esprits de la forêt) en objets humains sont réalisées avec une ingéniosité et un souci du détail saisissants. L’animation du Studio Ghibli atteint ici un niveau de maîtrise rare, donnant vie aux personnages et aux décors avec une expressivité éblouissante.
Les Tanukis et la forêt sont menacés par l’urbanisation galopante. Leur combat pour préserver leur habitat et leur mode de vie ancestral devient un plaidoyer éco-citoyen plein de symbolisme. Le récit est une ode à la résilience et à la créativité (capables de se métamorphoser à volonté, les Tanukis vont tenter d’effrayer les humains grâce à leurs pouvoirs extraordinaires), où les tanukis rivalisent d’ingéniosité pour sensibiliser les humains à leur présence et à la beauté de la nature qui les entoure. Cependant, il en faudra plus pour que les Hommes renoncent à la destruction de la forêt. Face à la menace expansionniste, la riposte des Tanukis s’organise mais les animaux ne sont pas au bout de leurs peines. Pompoko témoigne de la vision humaniste d’Isao Takahata, qui traite avec subtilités des relations entre l’humain et la nature. Les personnages, qu’ils soient humains ou tanukis, sont empreints de nuance et de profondeur, rendant leurs échanges touchants et captivants. La poésie réside dans la manière dont le film nous transporte dans un univers à la fois fantastique et réaliste. Les moments d’humour et de tendresse se mêlent aux moments de tristesses et de réflexions, créant ainsi une palette émotionnelle riche et captivante. Les mélodies entraînantes soulignent avec délicatesse les moments clés du récit, créant une expérience cinématographique immersive et émouvante. Une scène intervient pour nous faire passer le message : appelés à la rescousse par les Tanukis de Tama, trois grands sages lancent une grande opération ectoplasme. L’objectif : « inspirer crainte et respect » chez les Hommes pour les convaincre de préserver la forêt. Le spectacle débute par l’apparition d’un vieil homme juché sur un chien, qui fait pousser des fleurs sur les arbres morts de la ville. Les habitants sortent de chez eux, bouche bée. C’est le début d’un festival de visions de plus en plus délirantes. Sous ses airs enfantins, Pompoko est l’un des films les plus sophistiqués sortis du Studio Ghibli. Le film possède un atout universel qui peut parler aux enfants car, au-delà de son message anti-urbanisme/gentrification : sa splendeur et sa créativité atteignent leur apogée dans cette séquence située au milieu du film. Les esprits qui apparaissent appartiennent tous au patrimoine nippon, leurs incessantes mutations remplissent peu à peu l’espace, cela visent d’abord un dérèglement des sens, pour susciter l’interpellation. Takahata nous donne ainsi sa conception du cinéma d’animation : un art de la métamorphose qui permet de passer du réalisme le plus précis au fantastique le plus foisonnant.